La dangerosité des grandes marées peut être amplifiée par les conditions météorologiques. Des différences importantes peuvent en effet être constatées entre la hauteur d'eau imputable à la marée astronomique et la hauteur d'eau totale effectivement observée. Lorsque la hauteur d'eau est plus importante que celle imputable au seul coefficient de marée, on parle de phénomène de surcote (et de décote dans le cas inverse). Cette différence est essentiellement d'origine météorologique et liée à trois processus principaux :
- la variation de la pression atmosphérique
L'atmosphère exerce une pression sur la surface de l'océan. Le niveau de la mer varie donc avec la pression atmosphérique. Lorsque cette dernière diminue localement, l'air appuie moins sur la surface de la mer à l'aplomb et le niveau de l'eau s'élève à cet endroit (cette élévation est estimée à 1 cm pour chaque hectopascal (hPa) en moins). La hauteur d'eau est donc accrue en situation dépressionnaire (surcote). C'est l'inverse en cas de conditions anticycloniques : lorsque la pression atmosphérique atteint par exemple 1023 hPa, soit 10 hPa de plus que la pression moyenne de référence (1013 hPa), la décote atteint 10 cm.
- le vent
Il génère, suivant sa direction et sa force, des courants qui peuvent provoquer une accumulation d'eau sur la côte en fonction de la configuration du littoral et de la bathymétrie (relief sous-marin).
- les vagues
En région littorale, elles affectent elles aussi le niveau de la mer. Elles produisent une élévation du niveau moyen sur la plage, qui représente environ 15 % de la hauteur des vagues au large (typiquement, de 10 cm à 1,5 m).
Depuis 2011, en cas de surcote présentant des risques pour le littoral, la carte de vigilance météorologique signale l'information. Lorsqu'un département est placé en vigilance vagues-submersion, une bande littorale de couleur jaune, orange ou rouge est matérialisée sur toute la longueur de la côte du département. En cas de vigilance orange ou rouge, le pictogramme de l'aléa vagues-submersion est affiché sur la bande littorale. Cette information est coproduite avec le SHOM.
Pour suivre l'évolution de la situation, consulter la vigilance météorologique.
Les 27 et 28 février 2010, la tempête Xynthia a durement frappé la France. Du point de vue météorologique, Xynthia n'a pas atteint le caractère exceptionnel des tempêtes Lothar et Martin de décembre 1999 ou encore de Klaus en janvier 2009. Le centre de basses pressions et les forts vents associés à Xynthia ont en revanche provoqué une élévation du niveau de la mer (surcote) rarement atteinte, de l'ordre de 1,50 m à La Rochelle selon les observations réalisées par le SHOM. Xynthia est en effet arrivée sur les côtes françaises, dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 février, au moment de la pleine mer d'une marée d'équinoxe à fort coefficient (coefficient de 102)3 .
À la Rochelle, le 28 février 2010, la hauteur de la pleine mer attendue avec ce coefficient de 102 était de 6,49 m4 . Or, la hauteur d'eau totale a atteint en réalité 8,02 m, soit une surcote de 1,53 m.
Lire notre article sur la tempête Xynthia.
La plus haute marée astronomique possible à la Rochelle est de 6,86 m. Malgré des quais à 7 m4 , les abords du centre de Météo-France (en arrière plan) sont plus ou moins submergés lors des grandes marées accompagnées de vents forts. Ici, à gauche lors de la grande marée de coefficient 115 du 2 mars 2014, la hauteur prévue était de 6,7 m avec une surcote de 0,3 m. À droite, la même vue le 25 septembre 2014, la peinture bleue sur les arbres matérialise la hauteur d'eau atteinte lors du passage de Xynthia.
© Météo-France / Michel Hontarrède - Benoît Binson
(Météo France)