> En France

Décembre 2018: Les précipitations ont été excédentaires de 10 à 40 % du sud de la Bretagne au Limousin ainsi que de la côte normande au Grand-Est, à la Bourgogne – Franche-Comté et au nord des Alpes. En revanche, le déficit a dépassé 30 % le long des Pyrénées ainsi que sur le pourtour méditerranéen, le sud du Massif central et la Corse, voire localement 80 %. La pluviométrie, contrastée régionalement, a été en moyenne sur le territoire conforme à la normale*.
Depuis début décembre, avec le retour des passages perturbés, la sécheresse des sols superficiel sur un large quart nord-est du pays s’est atténuée. Cette sécheresse qui a concerné de juillet à décembre les régions du Massif central aux frontières du Nord et du Nord-Est a présenté un caractère exceptionnel, impactant la ressource en eau. L’Europe centrale et l’Europe du Nord jusqu’aux pays scandinaves n’ont pas été épargnés par le déficit de pluviométrie depuis l’été et par la sécheresse des sols superficiels, localement sévère en Allemagne, Pologne et dans les Pays Baltes. 

 

* : normales concernant température et précipitations : moyenne de référence 1981-2010

 

> En Lorraine

Précipitations:

Sur le bassin Rhin-Meuse, les précipitations observées en décembre ont généré un apport conséquent dans tous les cours d’eau. Au mois de décembre, sur la bassin Seine-Normandie, la pluviométrie est supérieure à la normale sur les départements des Ardennes et de la Haute-Marne et légèrement déficitaire sur l’Aube et la Marne.

- Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour la Lorraine est de 133.2 mm soit un excédent global de 23%.
Le cumul annuel de précipitations agrégées pour la Lorraine est de 855 mm soit un déficit global de 15%.

- Le bilan par rapport à la normale est :

* pour la Moselle, l’excédent atteint de 1.5 à 2 fois la normale sur une bande nord-sud à l’extrême ouest et sur le nord-est du département et s’étage de proche à la normale à 1.5 fois la normale du sud-est au nord-ouest du département

* en Meurthe-et-Moselle, le bilan excédentaire est compris entre 125% et 150% sur la moitié nord, voire 200% à l’extrême nord-ouest, et entre 110% et 125% sur la motié sud

* pour la Meuse, l’excédent, compris entre 10% et 50% sur la moitié nord du département, voire localement 100%, est proche de la normale et ne dépasse pas 25% sur la moitié sud

* dans le département des Vosges, le bilan est proche de la normale à l’exception du relief vosgien où l’excédent est compris entre 10% et 50%.

 

- Pluviométrie de septembre à décembre 2018

Pour cette période, le bilan est déficitaire sur tout le Grand Est :

pour la Lorraine : compris en moyenne entre 25% et 50% à l’exception d’une bande à l’extrême ouest de la Moselle où il est moins accentué, de 10% à 25%, et d’une bande nord-sud autour d’Epinal où il est plus marqué, de 50% à 75%.

L’indice d’humidité des sols au 01/01/2019 est compris entre 0.35 (Haut-Rhin) et 0.95 (Moselle, Meurthe-et-Moselle, Meuse et Haute-Marne), voire 1.00 (relief vosgien et nord des Ardennes).
Cela génère un écart pondéré à la normale négatif et d’amplitude augmentant entre l’ouest et l’Est de la région : il est compris globalement entre 0% et -30% sur la Champagne-Ardenne, atteint -40% sur la Lorraine et -60% sur l’Alsace.

 

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Légende: Cumul de précipitation et indice d'humidité des sols (Carte: Météo France).

 

Côté hydrologique:

Sur le bassin Rhin-Meuse, les précipitations observées en décembre ont généré un apport conséquent dans tous les cours d’eau, ce qui a entrainé une augmentation générale des écoulements moyens mensuels. Néanmoins, cet apport n’est pas suffisant pour résorber le déficit d’écoulement qui reste encore bien présent sur de nombreux bassins.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (VCN3) qui ont été observés en début de mois, avant que les pluies ne fassent réagir les cours d’eau, restent à des valeurs très faibles pour la saison
.

 

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> En Meuse (au 18 Décembre 2018):  30 rivières indiquent une situation normal (Ecoulement visible acceptable).

> En Meurthe et Mosselle (au 26 Novembre 2018): 21 rivières indiquent un écoulement visible faible. 08 rivières indiquent un écoulement non visible. 07 rivières Assec. Le reste (02) des rivières la situation est normal mais les niveaux sont en baisse. 

> En Moselle (au 25 Octobre 2018): 10 rivières indiquent un écoulement visible faible. 01 rivière indique un écoulement non visible. 7 rivières Assec. Le reste (22) des rivières la situation est normal mais les niveaux sont en baisse(A noter: Absence de donnée pour 40 rivières)

> Dans les Vosges (au 25 Septembre 2018): 1 rivière indique un écoulement non visible. 7 rivières indiquent un écoulement visible faible. 2 rivières Assec. Le reste (21) des rivières la situation est normal mais les niveaux sont en baisse.


 
Remplissage des lacs-réservoirs de la région Lorraine:

Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, la tendance à la baisse constatée le mois dernier s’est inversée avec les pluies tombées au mois de décembre. Le taux de remplissage de tous les réservoirs est maintenant à la hausse.
Le niveau de remplissage global est de l’ordre de 34% pour les retenues destinées au soutien de l’étiage et de l’ordre de 44% pour les retenues destinées à la navigation. Pour les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine affiche un taux de remplissage de 84% et la retenue de Michelbach de 63%.
Pour rappel, pour répondre à la double mission de soutien des étiages et de lutte contre les crues, les lacs-réservoirs Marne, Seine et Aube sont en théorie remplis du 1er novembre au 30 juin puis vidangés du 1er juillet au 31 octobre, la vidange pouvant être prolongée en cas d’étiage sévère jusqu’à début décembre. Fin septembre, les taux de remplissage des trois lacs sont proches de leur objectif de gestion.

 

Nappes Souterraines:

Avec une situation météorologique plus favorable au mois de décembre, la période de recharge des nappes a commencé avec un mois de retard. Globalement, les niveaux moyens mensuels ont une tendance à la hausse par rapport au mois précédent, à l’exception de quelques piézomètres ayant un temps de réaction plus long. Les niveaux restent souvent inférieurs aux niveaux observés pour un mois de décembre.

 

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Ailleurs en France:

Le niveau des nappes au 1er Octobre 2018 est hétérogène d’une région à l’autre.

Un tiers des nappes (33%) affichent un niveau modérément haut à très haut mais près de la moitié (45%) affiche un niveau modérément bas à très bas. Le cinquième restant (22%) se situe dans la moyenne. Cette situation n’est pas très anormale pour cette époque de début d’automne mais elle traduit tout de même une période de basses eaux qui se prolonge un peu, en l’absence de précipitations en septembre. La période de recharge hivernale n’est, pour l’instant, pas encore active

La tendance d'évolution du niveau des nappes traduit encore, ce mois-ci, la période des basses eaux avec, toujours seulement 11% des points encore stables. La situation a très peu évolué par rapport au mois dernier. Le nombre de points en hausse (8%) reste faible. Le nombre de points dont la tendance d’évolution est orientée à la hausse ou à la baisse (81%) est resté stable sur le mois de septembre. Cette situation traduit une période de recharge qui n’est pas encore réellement amorcée.

La situation des nappes au 1er octobre 2018 traduit la poursuite de la période de basses eaux et une reprise de la recharge hivernale qui se fait attendre. Cette situation, liée au déficit pluviométrique de septembre, n’est pas très habituelle pour cette époque de l’année, généralement plus arrosée.

 

Côté Sécheresse:

Au 01er Janvier 2019: Aucun départements en France ont pris au moins une restriction d'usages de l'eau sur leur territoire.

Au 01er Janvier 2019 en Lorraine: RAS.

> /.
 

 

Analyse (au 23 Décembre 2018) pour la Lorraine:

Les derniers mois voire quasiment une bonne partie de l'année a été marquée par un déficit pluviométrique parfois très important voire même inhabituel.
Un déficit qui s'est renforcé et a duré dans le temps au moins jusqu'à début décembre avec des conséquences de sécheresse importantes.
Des restrictions d'eau de niveau orange rarement prolongé depuis que ce dispositif existe jusqu'au 01er décembre d'une année sur certain département.
La situation de recharges des nappes débute seulement en ce moment mais l'hiver sera déterminant si une situation similaire voire pire se reproduit l'année prochaine.
Cette situation nous interroge sur l'économie d'eau et sur le futur plus moins proche du risque de pénurie d'eau.
Au 23 décembre, les précipitations du mois ont permis de retrouver une certaine stabilité et retour à la normale concernant les eaux superficielles.  Cela prendra un peu plus de temps pour les nappes souterraines.


Prochain point vers la mi Février.

 

 

*On distingue plusieurs types de sécheresses :

- La sécheresse météorologique correspond à un déficit prolongé de précipitations.
- La sécheresse des sols, dite « agricole », se caractérise par un déficit en eau des sols superficiels (entre 1 et 2 m de profondeur), suffisant pour altérer le bon développement de la végétation. Elle dépend des précipitations et de l'évapotranspiration des plantes. Cette notion tient compte de l'évaporation des sols et de la transpiration des plantes (l'eau puisée par les racines est évaporée au niveau des feuilles). La sécheresse agricole est donc sensible aux précipitations, à l'humidité et à la température de l'air, au vent mais aussi à la nature des plantes et des sols.
- La sécheresse hydrologique se manifeste enfin lorsque les lacs, rivières ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas. Elle dépend des précipitations mais aussi de l'état du sol influant sur le ruissellement et l'infiltration. Le réseau hydrographique et les caractéristiques des nappes déterminent les temps de réponse aux déficits de précipitations observés sur différentes périodes.
Ces « différentes » sécheresses peuvent intervenir à divers moments, non forcément concomitants et ne sont pas forcément systématiques.

 

(Avec Météo France, BRGM, Eau France et Dreal Grand Est)